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vendredi 13 décembre 2013

Réveillez-vous!

Est-ce une coïncidence? De temps en temps je lis dans le journal ou j'entends à la radio que de jeunes entrepreneurs ou ingénieurs français ont remporté des succès internationaux dans des domaines nouveaux ou que certaines de nos écoles, pas nécessairement les plus huppées, savent former des ingénieurs qui sont aussi des managers, qui savent prendre en compte les aspects écologiques et aussi sociaux de leur activité. Quelle bouffée d'air frais! Nous avons été si longtemps manipulés et endormis par les discours sur la décroissance nécessaire. Incroyable discours dans un pays à croissance zéro qui a déjà perdu la moitié de son industrie et a été dépassé par l'Italie, pays dont il est de bon ton de déplorer la paralysie.Cessons de confondre deux discours  qui se réfèrent l'un et l'autre à l'écologie, mais dans des termes complètement opposés. Je dis oui à l'écologie qui défend l'environnement, qui se bat pour un développement durable et contre ce qui menace notre existence. Je dis non au refus de la modernité qui frappe ceux qui travaillent et accroît encore les avantages des rentiers, des privilégiés, des mieux protégés. Dans nos sociétés affaiblies par la crise du capitalisme industriel, débordé et affaibli par la spéculation, seule la connaissance et ses applications nous fournit un nouveau moteur de croissance. Mais à condition que nous comprenions que la mise en oeuvre de nouvelles connaissances nous oblige à transformer  nos formes de contrôle et de gestion, à étendre le champ de nos informations et même -oh! mot dangereux- de nos précautions. Nous devons faire dans tous les domaines ce que Amartya Sen a fait dans le sien: remplacer des données quantitatives très grossières par une connaissance des situations réelles et en premier lieu des inégalités réelles, de l'accès réel différent des diverses catégories sociales aux principales ressources: alimentation, logement, santé, éducation, influence, décisions politiques etc. Nous avons tellement pris de retard avec de faux problèmes, des idéologies surannées, des mots d'ordre dont le sens actuel contredit celui qu'ils avaient il  y a un siècle, que nous avons besoin d'exemples concrets de ce que nous pouvons faire, d'idées nouvelles, et surtout de volonté d'agir et de confiance dans notre capacité de faire et de réussir. Nous avons tous pris trop de somnifères. Réveillons-nous tous, et surtout ceux d'entre nous qui avons déjà le plus travaillé.

lundi 9 décembre 2013

"Viva Madiba"

Peut- être  le  XX1ème siècle pleure -t il déjà, dès sa deuxième décennie, le plus grand de ses enfants, de même  peut-etre que, dès l'année de sa naissance, il a connu deux événements qui pourraient n'être dépassés par aucun autre pendant les cent  an qui les suivront: la chute du mur de Berlin et la manifestation de Tian anmen.
 Celui que lui-même et ses proches appelaient Madiba a mis au dessus de tout, pendant toute sa vie, la lutte contre une forme extrême d'inégalité, l'apartheid, Il n'a pas été un dirigeant nationaliste mais un homme au service de la dignité de tous les hommes. L'Angleterre et la France, qui ont tant apporté à la défense des Droits de l'Homme, ont envoyé leurs derniers  sauveurs ;Churchill et De Gaulle au panthéon de l'histoire. Mais Mandela, au dessus même de Gandhi, de Aung San Suu Kyi et de Martin Luther King, a engagé sa vie au service de ce qui est au dessus de la politique, au service de la dignité de chaque être humain. Plus personne, je l'espère, n'osera plus se moquer du "droits de l'hommisme", alors que c'est le plus grand et peut-être le seul mouvement social et politique capable de faire reculer les racismes, la xénophobie et que Mandela en est depuis cinquante ans la plus haute figure.
Ceux qui reprochent aux défenseurs des droits de l'homme de sacrifier l'efficacité politique à la pureté souvent trompeuse des prophètes et des utopistes ne peuvent que s'incliner devant Mandela qui n'a jamais séparée le juste du possible, l'absolu des circonstance. Il a eu le courage et l'habileté de prendre   le risque de négocier seul avec Botha, puis De Klerk, et de résister à la jeunesse de son parti qui voulait recourir aux armes.
Il refusa d'être un prophète; il voulut être l'humble serviteur de chacun de ceux et de celles qui forment le peuple et la nation.
J'approuve tous ceux qui se méfient des faclités de la subjectivité, car il ne faut jamais confondre celle ci avec la subjectivation, qui  est la prise en charge par un individu ou un groupe des exigences et des idéaux des droits humains universels.

Ce qu'est devenue l'ANC, à  partir du moment ou Mandela quitta volontairement le pouvoir,  démontre clairement qu'il était le seul capable d' accomplir une tâche qui supposait les sentiments les plus nobles, la réfléxetion la plus juste et le contrôle de soi le plus complet.
.    Nelson Mandela en prison

jeudi 5 décembre 2013

Les français contre la France


     Depuis plusieurs décennies, les français se distinguent des autres européens par les jugements pessimistes qu'ils portent sur leur pays et sur son avenir. Il serait absurde d'expliquer des mouvements dirigés ouvertement contre les impôts et contre le chômage par un mouvement de mauvaise humeur contre le président et le premier ministre, le gouvernement ou la majorité. 
        Mais il serait plus absurde encore de croire que ces mouvements n'ont que des causes économiques. Pour parler plus clairement,  il serait absurde de ne pas voir que les crises sociales, les mouvements de mécontentement ou les révolutions  portent en eux mêmes une cause plus générale : trop d'inégalités, .la lutte des classes , des scandales financiers, un manque de confiance
        Les mots employés aujourd'hui sont d'un type particulier : ce n'est pas de leur vie personnelle que se plaignent les français,  c'est de leur vie en tant que français, c’est de la manière dont la France est gouvernée. Le mécontentement est pus politique d'économique. C'est une affaire entre la France et les français. Ces mouvements sont plus politiques d'économiques;  leurs acteurs se définissent par leur territoire plutôt que par leur profession. C'est donc une affaire entre la France et les français. C'est presque une banalité de dire que la France a été un Etat  avant d'être une Nation et une société. La France de la Révolution se faisait appeler la "grande Nation"; celle d'aujourd'hui répète sans cesse  qu'elle est une et indivisible. Étrange définition, alors qu'elle est depuis longtemps un pays d'immigration et qu'on y  voit monter à la fois une identité islamique et, comme dans toute l' Europe, une islamophobie qui tend à se substituer à l'arabophobie d'origine coloniale. 
La France politique a beaucoup lutté contre les  "corps intermédiaires"; elle a même été en 1791 jusqu'à supprimer les universités, comme les autres corporations. Elle a été plus que méfiante à l'égard des langues et des cultures régionales et elle s'est plus d'une fois définie comme jacobine. C'est même ainsi que François Furet a expliqué la pénétration du parti communiste en France. On peut même ajouter que le gaullisme qui donnait  la priorité à l'Etat l'a longtemps emporté sur le  libéralisme introduit par Giscard  d'Estaing, comme le parti  communiste a dominé le parti socialiste de 1936 à 1983, c'est-à- dire pendant un demi-siècle, tandis que la CGT, liée au parti communiste, restait la centrale syndicale la plus importante, en particulier dans les grandes entreprises publiques.
Je n'en conclus pas que les français sont des libéraux ou des socio-démocrates malheureux de devoir se déguiser en communistes, en trotskistes ou en gaullistes; ce serait même, j'en suis convaincu, un lourd contre-sens.
La réalité est que la France est plus divisée que les autres pays entre eux,  le monde public et le monde privé, l'appel à  l'unité et les exigences d'une société très diversifiée et même très hétérogène, sans même prendre en considération ceux qu'on appelle d'un terme creux : les "Outre- mer". Le malheur le plus profond de la France est qu'elle réclame plus de diversité mais juge médiocre ou archaïque  tout ce qui affaiblit l'unité nationale.
 Elle condamne la concentration des pouvoirs et des ressources à Paris, tout en étant consciente que c'est Paris qui fait la grandeur de la France comme le  pensèrent Henri IV,  la Révolution et Napoléon.
Tant qu'on n’aura pas réconcilié la tête et les jambes, l'universalisme et la diversité culturelle, le pouvoir de la majorité et le respect des minorités, les français seront mécontents de la France car leur meilleure manière de défendre ou l'unité ou la diversité est de se convaincre que l'Etat fait le choix inverse des citoyens. 
Mais comment surmonter ces contradictions? Penser qu'elles sont insurmontables est accepter un déclin national, qui se transformerait vite en catastrophe. Ce qui est probablement vrai est qu'il est moins difficile de sortir de ces  contradictions quand un pays a confiance en ses institutions politiques.  Ce n'est pas le cas aujourd'hui; nous sommes en danger.