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lundi 23 septembre 2013

Au coin de ma rue

Hier soir, je rentrais chez moi, vers dix heures. Sortant du métro, je marchais dans la rue où j'habite. Au dernier coin de rue, je vois un homme s'approcher de moi sur ma gauche. Quand il est plus près, il ouvre sa serviette, y  plonge la main et saisit un objet qu'il me tend; c'était mon nouveau livre. Nous rions tous les deux... Vous êtes bien Alain Touraine? L'année dernière, j'ai lu votre livre précédent; je l'avais bien aimé. Il était court mais il m'avait aidé à comprendre cette fameuse crise.
Ne vous inquiétez pas; celui-ci est plus long mais je crois franchement qu'il se lit assez facilement et il n'y est pas question que de crise.
Je vous avais reconnu parce que j'habite le même quartier et que je vous vois quelquefois faire vos courses.
Merci, bonne lecture. Si nous nous croisons à nouveau dites moi si vous avez aimé.

jeudi 19 septembre 2013

La plus grande erreur que nous puissions commettre serait. . .

de croire qu'il faut nous arrêter parce que nous avons trop longtemps marché, qu'il faut nous mettre à mi-temps ou à la retraite pendant que les autres, d'autres, bossent comme des brutes avant de se reposer à leur tour. N'est ce pas la solution la plus juste? Chacun travaille à son tour; pendant ce temps il emmerde le reste de la planète mais ensuite il se laisse passer sur le ventre par les nouveaux fordistes ou stakhanovistes, sans être trop inquiet, parce que le nombre de ceux qui travaillent seulement un peu  est beaucoup plus grand que celui de ceux qui se défoncent pour acheter de nouvelles machines inutiles et surtout pour le plaisir d'exploiter leur voisin. Ce calcul est faux de toute évidence; nous avons dominé le monde entier et maintenant le monde entier, y compris les Etats- Unis, se retourne contre nous et veut nous faire payer nos dettes avec de gros intérêts. A la fin du XXème siècle, tout le monde nous a détruits et méprisés. Les financiers ont ruiné nos industriels, les staliniens ont accusé les démocrates d'être des menteurs et ceux qui avaient libéré leur pays de la colonisation sont devenus des tyrans qui ont torturé leur peuple.  Qu'ils sont charmants les naïfs qui croient qu'en ralentissant un peu ils ne perdront presque rien et laisseront même un peu plus d'espace aux autres pour vivre comme nous. Ce que nous avons créé, de la science aux libertés, nous l'avons gagné pour nous et pour d'autres en nous éloignant de notre être, de notre identité, en découvrant des connaissances, en faisant respecter des lois, et par dessus tout en créant de l'universel là où il n'y avait que du particulier, de l'interdit et de la guerre?
 Pensez vous qu'il faille reculer, lâcher un peu de terrain, mélanger un peu de Lyssenko à du Darwin et un peu de Révolution culturelle chinoise à l'Habeas Corpus anglais?  L'arbitraire, l'identitaire, la violence relèvent la tête partout où le pouvoir est absolu, qu'il soit économique ou politique. Ce n'est pas de mollesse industrielle mais de courage et de lucidité que nous avons besoin pour défendre les libertés et l'égalité.

mardi 17 septembre 2013

Résumé : Dans un ouvrage dense et magistral, Alain Touraine ouvre une nouvelle ère sociologique et historique, celle de l'"après social". CYPRIEN AVENEL ET CHRISTOPHE FOUREL





Car le Sujet ne peut être mis au jour, identifié et déchiffré avec les méthodes empiriques d’une sociologie positiviste. Il est avant tout un "principe non social", un point de départ originaire se fondant et se créant lui-même, et non un point d’arrivée....
Le dernier ouvrage d’Alain Touraine, intitulé "la fin des sociétés", est présenté par l’éditeur comme "le couronnement théorique de (son) œuvre". C’en est un incontestablement, et dans tous les sens de cette expression. D’abord au sens architectural du terme, puisque cet ouvrage vient parfaire l’édifice d’une œuvre sociologique abondante et stimulante qui a permis à son auteur d’acquérir une véritable aura internationale, en particulier en Amérique Latine. C’est aussi un couronnement au sens de l’achèvement puisqu’en ré-abordant nombre de ses apports théoriques, l’ouvrage prend des allures testamentaires. C’est enfin un couronnement pour l’un des concepts-clés de l’œuvre du sociologue, c’est-à-dire "le Sujet". C’est en tout cas ce concept qui constitue le principal lègue que Touraine nous transmet et qui permettra encore de nombreuses analyses sociologiques à sa suite....

sur le site: www.nonfiction.fr
http://www.nonfiction.fr/article-6696-p1-de_la_crise_economique_au_monde_post_social.htm

Mon livre "La fin des sociétés" aux éditions du Seuil en librairie


L'article de Robert Maggiori dans Libé au sujet de mon  nouveau livre  "La fin des sociétés" est maintenant accessible à tous sur le site du quotidien. 

dimanche 15 septembre 2013

http://www.rfi.fr/emission/20130915-1-alain-touraine-fin-societes
http://www.franceculture.fr/emission-une-fois-pour-toutes-alain-touraine-2013-09-14


jeudi 12 septembre 2013

Je vis une expérience troublante.




J’ai  l’impression que mon ouvrage,  La Fin des sociétés, qui sort dans quelques jours aux  éditions du Seuil est mon premier livre. Les autres, tous les autres, furent des travaux préparatoires. Et le livre nouveau en annonce beaucoup d’autres mais que je n’écrirai pas parce que la mort m’en  empêchera.  Quelle drôle d’idée d’ailleurs de commencer à publier à 88 ans, et surtout après avoir écrit plus de quarante livres qui ont déjà fait l’objet de plus de 200 traductions, plus de vingt doctorats honoris causa, une élection dans de nombreuses académies ( Europe, Etats-Unis, Brésil, Mexique, Espagne, Chili, Argentine, Pologne etc…
Je ne savais pas moi-même que ce livre publié en 2013 serait pour moi le point d’arrivée et, j’oserais presque dire, de découverte d’une longue période de préparation qui a occupé en fait  soixante cinq années de mon activité.
Je lance un appel dans tous les continents pour que s’écrivent les livres qui devraient venir après celui qui paraît maintenant, rédigés par des auteurs nouveaux ou renouvelés. Je souhaiterais qu’ils les écrivent à la manière des Cultures et des Histoires dans lesquelles ils ont appris à penser et à écrire. 
Quant à moi, j’ai dédié mon livre unifiant plus qu’unique à mon épouse chilienne, Adriana,  tuée par le cancer, il y a vingt-trois ans déjà et à Simonetta, ma compagne italienne, rencontrée plus tard et dont la disparition récente et brutale m’a jeté dans ce travail que je croyais trop lourd. Elles ont toutes les deux partagé ma vie pendant les deux tiers de siècle de travaux préparatoires... 
Ce sont mes enfants, Marisol et Philippe et quelques amis dont Michel Wieviorka, Manuel Castillo, François Dubet, Manuel Antonio Garreton , Fernando Henrique Cardoso, Philippe Bataille, Jacques Le Goff, Serge Moscovici et aussi Carmen CastilloDjemila Khelfa, Denis Sulmont, Geoffrey Players  et enfin Michel Rocard – le seul dirigeant politique auquel je me sois identifié en France – qui m’aideront à marcher le plus loin possible.  

mercredi 11 septembre 2013

En Egypte, l’Histoire impossible




Il y a plus de deux ans, les égyptiens après les tunisiens, se réunissaient en masse sur leurs plus grandes places pour exiger le droit d’écrire leur propre histoire. La place Tahrir était leur Bastille.
Ce n’étaient pas les pauvres, ceux qui n’avaient ni instruction ni métier qui manifestaient ; les plus nombreux, les plus exigeants, étaient ceux qui avaient atteint un niveau d’éducation au dessus de la moyenne et qui communiquaient par Twitter
Cette demande d’histoire et de liberté que nous avions si souvent entendue au XIXème siècle dans nos rues et sur nos barricades, n’a pas pu s’ouvrir un chemin vers le pouvoir. La route lui était barrée non par des forces sociales mais par des pouvoirs politiques : l’armée et les Frères Musulmans, par le sabre et le goupillon, disait-on en terre chrétienne. Ce nouveau Tiers-Etat est condamné au chômage et à l’émigration.
L’Histoire, sur tous les continents, est en retard sur elle-même. C’est vrai aussi en France et en Italie, au Brésil et au Mexique, en Syrie et en Iran. Les puissants du XXème siècle ont imposé les idées du XIXème à la jeunesse du XXIème, réduite à manifester son indignation.
Mais ce n’est que le début du début d’un soulèvement qui occupera la scène mondiale pendant tout le siècle qui vient à peine de commencer vraiment. 
En attendant que les peuples débandent les polices, les médias sont occupés par les people qui font sauter les bouchons de champagne pour couvrir le bruit des balles.

                                                         La place Tahrir 

lundi 9 septembre 2013

L’illusion islamiste





Je ne crois pas à l’avenir des politiques inspirées par la religion. Certes, je constate que l’échec du nationalisme à la Nasser a fait avancer l’Islam sur le devant de la scène, même en Palestine, et c’est Khomeiny, L’Ayatollah, qui a occupé en Iran la place centrale qui avait été occupée par Mossadegh et le parti Toudeh (communiste).
Les dirigeants laïcs qu’étaient les dictateurs venus du Baath, en Irak et même en Syrie ont dû mettre des sourates du Coran dans leurs discours. C’est au nom d’Allah et de son prophète que sont lancés des attentats suicidaires alors que le livre sacré condamne explicitement le suicide. 
Comme si seule la religion était assez forte pour faire reculer l’Amérique et ses alliés, comme le font les Talibans qui ont déjà chassé les soviétiques d’Afghanistan.  Et dans le Sahara malien, l’A.Q.M.I est plus forte que les Touaregs. Mais une politique ne peut pas se limiter au rejet d’un adversaire, surtout lointain ; elle se condamne, quand elle le fait, à imposer au peuple un nouveau dictateur. C’est ce que nous avons déjà vu en Iran où le pouvoir d’Ahmadinejad a vidé les mosquées et déjà,  à Istanbul,  la jeunesse gronde contre l’islamisme d’Erdogan,  de plus en plus radical et personnel à la fois. 
Après le Liban, la Syrie démontre en accumulant les morts que les luttes entre « communautés » conduisent vite à la guerre civile et à la destruction de la nation.
Il n’y a pas de mouvement de libération réel sans contenu institutionnel, social et politique positif, sans volonté de libération et de libertés. L’Islam gardera longtemps dans de nombreux pays une influence qui ressemblera de plus en plus à celle du Christianisme aux Etats-Unis ou au Mexique, qui n’est pas contradictoire avec des politiques libérées de l’emprise du clergé.
                                    L’Ayatollah Khomeiny 

samedi 7 septembre 2013

Un saut périlleux dans la pensée sociale

Le renversement nécessaire et qui s'opère de toutes manières, qu'on le veuille ou non, consiste à remplacer à la place centrale, dans la pensée et dans l'action, le système social, la société, l'Etat, le capitalisme, l'entreprise, les organisations et les institutions par les acteurs qui ne deviennent sociaux que quand les individu se font porter par le sujet, c'est a dire par la conscience de leurs droits qui doivent être reconnus comme supérieurs aux loi elles-même.

    Ces mots ne sont pas légers comme des idées générales ; ils sont lourds de toutes les poussées, de toutes les colères, de tous les espèces, qui ont fait avancer le monde, des religions, des mouvements sociaux, des guerres d'indépendance des soulèvements pour la liberté et l'égalité, au nom de la solidarité et des droit des femmes ou de tous ceux qui sont dépendants, dominés, qui ne sont pas reconnus dans leur dignité d'êtres humains, qui sont enfermés dans leur "race" dans leur langue , dans leur territoire, qui sont privés de la flamme de l'universel, étouffés dans leur identité.

Tel est le sujet principal de mon livre La Fin des sociétés  que font paraître dans quelques jours les Editions du Seuil et qui n'a pas réussi à couvrir moins de 650 pages.

mercredi 4 septembre 2013

Les droits universels seule arme efficace contre les totalitarismes


    Nous consommons chaque jour un relativisme culturel paresseux qui consiste à décrire chaque culture comme si elle ne se définissait que par ses différences. Autant il faut rejeter - mais c'est déjà fait - l'inacceptable identification de l'occident à la culture et à la Civilisation, autant on ne peut pas éliminer par simple oubli le souci culturel d'universalisme des grandes cultures historiques ou, dans une perspective différente, la recherche de lois générales comme l'a fait Claude Levi-Strauss. 
Mais je préfère, pour défendre  mon attachement à l'universalisme qui ne vient pas que des Lumières européennes, un argument plus historique. Le XXème siècle a été dominé par les Totalitarismes auxquels on ne peut résister au nom d'une identité, manipulable ou contraire par ces régimes, mais au nom des droits universels des êtres humains dont quelques petits maîtres se moquent en ne déshonorant qu'eux-mêmes. 
L'argent se veut "global"; les dictateurs se veulent maîtres absolus de leur pays et de leurs conquêtes. Il faut les armes lourdes de la liberté et de l'égalité pour résister. Partout . Toujours.