J'ai suivi avec grand intérêt et même admiration le travail du géographe Christophe Guilluy. Parce qu'il est un des premiers a regarder le territoire français d'un point de vue mondial, alors que ceux qui ont redessiné ses régions l'ont fait d'un point de vue étroitement hexagonal.
Ils montrent que la partie de la France, qu'il appelle métropolitaine, celle qui est bien reliée au monde, est minoritaire par rapport a la France périphérique. Surtout il souligne le profond bouleversement qu'a signifié la disparition des classes populaires de la région parisienne (y compris peu à peu du 93) et leur remplacement par des catégories sociales beaucoup plus élevées. Mais quelle conclusion politique en tire-t-il ? Je suis tenté d'abord de reconnaître dans ses propos un thème central du Front National dont l'électorat est en effet avant tout placé dans la France périphérique et donc dans les classes populaires et aussi parmi les jeunes, plus fortement touchés par le chômage. Mais j'ajoute aussitôt que je tire de cette constatation une conclusion opposée: il faut augmenter fortement et rapidement la part de la France moderne qui se réduit en fait à l'heure actuelle aux métropoles parisienne et lyonnaise. Car Lille n'est plus une métropole depuis la désindustrialisation, ce qui est une catastrophe, et Marseille ne l'est pas - alors que Barcelone l'est - car le clientélisme et la corruption y ont fait de graves dégâts.
Je peux m'appuyer sur l'exemple de notre période industrielle. Les forces de progrès y ont été celles qui défendaient les catégories populaires qui appartenaient à la France moderne, c'est-à-dire industrielle, du pays. Nous avons connu au contraire une longue tradition conservatrice qui s'appuyait sur les régions sous-développées, souvent fortement encadrées par l'église catholique et qui compensaient leur faible influence économique par l'appui qu'elles apportaient à la droite autoritaire.
j'espère que Christophe Guilluy acceptera ce rappel historique. J'ajoute aussitôt que s'appuyer sur les forces de production modernes veut dire aujourd'hui en premier lieu sauver les agriculteurs et les éleveurs exploités par les industries agroalimentaires. Et surtout qu'il faut appuyer à la fois ceux qui défendent des projets nouveaux et ceux qui ne reçoivent qu'une rémunération insuffisante pour la gestion d'équipements couteux, ce qui est souvent le cas dans le monde agricole. Le F.N. peut parler pour des catégories défavorisées mais il n'est pas capable - et pas préparé - à relancer l'économie française dans un monde internationalisé, ce qui est la condition première de l'amélioration de l'emploi et des rémunérations.
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