La clé n'est pas sous le paillasson, les idées ne sont pas des recettes. Entre une idée, une vraie, qui mord sur la réalité et une décision,une vraie, utile, prise par les producteurs, les contestataires, les consommateurs ou l'Etat, il y a place pour au moins quatre ou cinq intermédiaires et des mois ou des années d'efforts et de stratégie pour transformer l'analyse en action. C'est décevant, éprouvant; mais les sciences de la nature le savent depuis longtemps et pensent même que beaucoup de découvertes se font, sinon par hasard, du moins en cherchant autre chose.
Dans le cas des connaissances sur l'homme et la société l'obstacle plus difficile à franchir est la résistance des idées acquises; elle est plus grande que celle des intérêts acquis. Un mot usé ou endormi fait un trou dans la pensée. Nous croyons réfléchir et nous ne faisons qu'ânonner une leçon mal apprise et qu'il vaudrait mieux oublier. Il faudrait tout le temps inventer des mots nouveaux, mais c'est épuisant; en fait il est plus facile d'écrire un livre que de trouver un mot.
J'aimerais penser que si je pouvais écrire encore trois ou quatre vrais livres- pas forcément gros- j'aurais trouvé assez de mots pour faire une ou deux phrases capables de faire sauter un dépôt d'idées mortes.
Ce qui complique ma situation est que je ne suis pas près d'achever cette grande manoeuvre avant de fêter mon centenaire, ce que je ne suis pas certain d'arriver à faire. A quoi bon dépenser tant d'énergie? On se fait toujours avoir! Dépêchez vous les transhumanistes!
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