Personne ne nie que Manuel Valls soit plus actif et plus volontaire que Jean-Marc Ayrault ; mais cette constatation ne mène pas loin. Pour deux raisons : la première est que ce n’est pas le Premier Ministre mais le Président de la République qui élabore et conduit la politique en France dans la cinquième République. L’opinion publique en est consciente et a retiré sa confiance à François Hollande. La seconde est une conséquence de la première. Le gouvernement, et en particulier le Président et le Premier Ministre, ont-ils la possibilité de proposer les mesures nécessaires à la croissance et à l’équilibre de l’économie à une population qui n’a pas confiance en eux ?
Jean-Marc Ayrault a certainement eu raison de renoncer à réformer le système des retraites qui a pourtant besoin de l’être. Toute mesure du type : retarder l’âge d’accès à la retraite à taux complet aurait provoqué un choc social auquel la majorité n’aurait pas résistée.
Aujourd’hui, la perte de confiance s’est encore aggravée, comme l’ont montré les élections municipales, et la question doit être posée : le gouvernement peut-il encore gouverner ? En termes plus concrets : le Président qui a proposé – au moins en termes généraux – 50 milliards d’économie sur les dépenses de l’Etat est-il capable de faire voter cette mesure par le Parlement ? Nous ne savons pas bien ce que veulent les nombreux députés PS qui ont manifesté leur opposition à ce projet. Car le refuser signifie souhaiter la dissolution de l’Assemblée et la tenue de nouvelles élections qui donneraient une majorité à la droite et feraient de François Hollande un roi mérovingien soumis au Maire du Palais UMP. Et une bonne partie des députés qui aurait refusé la confiance perdrait leur siège de député. Est-ce cela ce qu’ils veulent ? Certains disent que de toute manière tout est perdu et qu’il vaut mieux mourir dans l’honneur que dans le déshonneur. Peut-être quelques-uns pensent-ils même que ce Harakiri – ou plutôt ce Seppuku – de la gauche du Parti socialiste est la seule manière de se débarrasser d’elle pour pouvoir suivre le chemin social libéral déjà choisi par la Grande-Bretagne, l’Allemagne et maintenant l’Italie.