Pour la première fois depuis plusieurs semaines je me suis interrompu dans mon travail qui me poursuit jour et nuit comme une meute de loups. Je voulais écouter Emmanuel Macron. Ses victoires sont impressionnantes; mais où nous mène -t-il? Est-il un Bonaparte dans une république épuisée et réduite au silence? Ou, comme disent les commentateurs les plus stupides, un rhéteur au service des grandes banques ou encore le produit d'une crise politique plutôt qu'un moyen d'en sortir?MON CRITÈRE DE JUGEMENT EST SIMPLE: UNE POLITIQUE DOIT ÊTRE AU SERVICE D'AUTRE CHOSE QU'ELLE MEME, EN PREMIER LIEU DES DROITS HUMAINS FONDAMENTAUX, LA LIBERTÉ ET L'ÉGALITÉ; EN SECOND LIEU DE LA RÉINTÉGRATION PRIORITAIRE DES EXCLUS.
Qu'ai je entendu?En effet un retour de la parole la plus haute, celle qui se met au service de la démocratie en même qu'à la recherche d'un bon gouvernement; Quand avais-je entendu cette parole pour la dernière fois dans la bouche d'un Président? Je suis obligé de répondre:Quand de Gaulle ou Mendes France parlaient. J'ajoute même, pour limiter une telle référence, que De Gaulle était avant tout un homme d'Etat démocrate qui avait traversé la guerre, tandis que Macron parle en intellectuel, ce qui me convainc plus facilement, mais qui déplaît à beaucoup.Mais comment nier qu'il a parlé de ce qui devrait nous toucher tous le plus profondément, non seulement de nos convictions, mais aussi de ce qui fait notre fierté, alors qu'en général la politique nous parle le plus souvent de ce qui nous fait honte, de l'injustice, de la violence ou de la corruption.
Il a parlé, comme il convenait, de la nécessité de ne pas se laisser dominer par l'argent et par l'esprit partisan. Ce qui a manqué à sa parole c'est l'émotion, quand il pense aux exclus, aux réfugiés r ejetés, ,aux victimes de la violence. Mais qui, aujourd'hui parle pour ceux à qui on a tout pris? Aucun parti politique, aucune parole médiatique ne parle sincèrement de tous ceux et celles, innombrables, qui n'ont plus d'espoir et sont oubliés.C'est à toute la nation de retrouver le sens de la fraternité. Encore faut-il que les dirigeants politiques aient le sens des limites de leur action Or
j'ai remarqué que Macron a rappelé aux élus et à lui-m^me qu'ils étaient les serviteurs du peuple. Le fauteuil présidentiel n'est plus vide, mais la voix ou plutôt les voix du peuple ne se font pas entendre et ce ne sont ni Marine Le Pen ni Jean-Luc Mélenchon qui sont capables de les transmettre à ceux qu'on appelle les décideurs. Ce n'est qu'un début mais l'histoire reprend sa marche après une pause d'un trop long demi-siècle
Alain Touraine 4 Juillet 2017. (salut amical aux démocrates américains en cet anniversaire de leur Indépendance)