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mercredi 23 septembre 2015

En paix avec moi-même.




Aujourd'hui sort en librairie mon livre: Nous, sujets humains. Editions du Seuil .   Je me sens plus proche de ce livre que de tous ceux que j'ai écrits avant lui et même de La fin des sociétés qui m'a imposé tant d'efforts pour sortir intellectuellement des sociétés industrielles et nager longuement et difficilement vers un continent nouveau, pour quitter une société où les acteurs organisaient leurs luttes autour du travail. Je suis arrivé sur une terre où s'entendent surtout l'affirmation ou la négation du sujet humain, de ses droits et de sa dignité. Il est vrai que ma tête est encore pleine de catégories et de notions qui sont celles des sociétés industrielles où j'ai passé une bonne moitié de ma vie. Mais je commence à m'habituer aux voix que j'entends autour de moi et en moi. Ce que j'ai découvert d'abord dans ce monde nouveau c'est que partout le pouvoir y débordait la possession des ressources et consistait surtout a construire les images que les êtres humains ont d'eux-mêmes, de leur société et de leur environnement. J'ai senti se réveiller en moi le vieux thème effrayant mais éclairant du totalitarisme. Je suis si heureux d'être finalement parvenu à mettre le pied sur une terre jusque là inconnue. Si heureux que je voudrais considérer ce livre qui paraît comme mon premier livre, alors qu'il risque d'être le dernier.
Probablement parce que ce monde nouveau où je suis certain d'être entré, si il me fera entendre beaucoup de voix différentes de la mienne, me maintiendra protégé des discours structuralistes et que j'appelle post-marxistes qui m'ont si souvent fait tourner la tête sans me convaincre. J'ai aussi la quasi certitude que, quand je me suis si longtemps arrêté pour écouter la libération de Paris, les mouvements étudiants de Berkeley et de Nanterre, les manifs de l'Unité populaire chilienne, les grands mouvements libérateurs de Budapest, de Prague et surtout de Pologne, les rassemblements organisés par le sous-commandant Marcos à la frontière du Chiapas et du Guatemala et tant d'autres voix si vite éteintes, j'entendais les signaux qui m'indiquaient la direction du monde nouveau où j'allais si tardivement débarquer. Je suis au moins certain de ne pas avoir obéis aux sifflets des pouvoirs idéologiques, politiques et économiques qui prétendaient me montrer mon chemin. Certes j'ai souvent été écarté, mis de côté mais je ne me suis jamais arrêté de marcher et je sais maintenant que c'était dans la bonne direction. 
Je suis fatigué, peut-être déçu, parfois même triste, mais je termine ma vie en paix avec moi-même.

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