Je voulais voir l'exposition sur Guy Debord à la Bibliothèque François Mitterrand pour savoir si je devais changer mon opinion sur lui et son mouvement. L'expositon m' déçu; je l'ai trouvée confuse, manquant de sens historique; mais j'en suis sorti enchanté par le livre Quarto de Gallimard qui réunit tous ses écrits- près de 2000 pages- de manière très vivante et intelligente.L'impression que m'a laissée une longue exploration de cette somme est que Debord appartient à la longue tradition de la social- démoicratie européenne, qu'elle soit réformiste ou révolutionnaire. Un texte de Septembre 1969 de l'Internationale Situationniste s'intitule: Le commencement d'une époque, mais j'ai l'impression opposée:, celle d'une lecture du présent à partir d'un passé long, comme si j'entendais Bernstein discuter avec Rosa Luxembourg et surtout avec Lénine, si fortement mis en cause, comme si le mouvement de Mai 68 était le chapitre le plus récemment écrit de l'histoire sans fin du prolétariat révolutionnaire. Comme l'indique le titre de la quatrième partie de la Société du spectacle: Le prolétariat comme sujet et comme représentation. Comme si le prolétariat avait été l'acteur principal de ce mouvement, alors que j'ai défendu dès 1968 une thèse vraiment opposée, à savoir que le sens principal, historiquement réel, du mouvement a été créée par la jeunesse, surtout étudiante et dont la force et l'originalité étaient d'avoir un contcnu plus culturel que social ou politique, alors que les interprétations idéologiques du mouvement, surtout trotskistes et maoistes, se plaçaient, elles, directement dans la pensée marxiste-léninisteLa différence entre les textes des groupes poltiques et les sérigraphies indique bien la séparation des deux univers.. Un vin nouveau était servi, mais dans des outres anciennes
Ce que je dis en ce moment semble condamner Debord à être jeté dans "les poubelles de l'histoire" En réalité mon jugement est tout à fait différent. Car si Debord se situe en effet dans le passé plus que dans le présent, il cherche dans ce passé ce qui a en effet la plus grande valeur historique et exemplaire. Il veut faire revivre la grand tradition des Conseil ouvriers, en effet très vivante, puisqu'on l'a vue à l'oeuvre à Budapest en I956 et encore plus à Prague, en 1968, surtout après l'invasion soviétique
Il reste que ce n'est pas de spectacle qu'il est le plus question dans ces écrits, mais bien de marchandise, dans la tradition marxiste la plus classiqueMais le situationniste, plus présent à Nanterre qu'à la Sorbonne, en partie par l'intermédiaire de Henri Lefebvre, est moins infidèle au mouvement qui naît que les néo-léninistes qui se soucient surtout de sauver des qppareils qui ont pourtant déjà détruit le mouvement ouvrier et qui cherchaient à confisquer la voix des étudiants de Mai 1968..
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