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mercredi 8 octobre 2014

La force réelle des faibles étudiants de Hong Kong


Le soulèvement des étudiants de Hong Kong semble désespéré. La position officielle de Pékin sur l’organisation des élections de 2017 n’est pas seulement le refus absolu de tout élément de démocratisation ; elle est formulée comme une provocation, un refus absolu de toute discussion, ce qui indique la certitude du régime de remporter une victoire absolue. Pas pour des raisons idéologiques mais parce que le poids de Hong Kong dans la vie économique de la Chine a très fortement diminué depuis la fin du régime britannique. En 1997, année de la fin de ce régime, Hong Kong représentait 16% du PIB chinois ; aujourd’hui 3% seulement.
Il est vrai que les deux tiers des investissements étrangers en Chine passent encore par Hong Kong mais la ville dépend de plus en plus de la Chine elle-même pour sa propre vie. En cas de crise majeure le gouvernement chinois peut étrangler la ville, empêcher les navires de traverser les eaux territoriales chinoises, fermer l’aéroport entouré par l’espace aérien chinois, couper une grande partie de l’alimentation de la ville.
Cette dépendance est si grande que le gouvernement chinois a pu se permettre ; jusqu’ici, de ne pas écraser la révolte dans le sang parce qu’il pense que la majorité de la population a conscience de sa dépendance. Les rebelles de Hong Kong savent qu’ils ne peuvent pas exercer de pression sur le gouvernement chinois.
Leur action est-elle celle de desperados qui veulent vendre chèrement leur peau ? Cette interprétation ne correspond pas davantage aux informations reçues.
Pour comprendre l’importance du mouvement actuel il faut adopter un autre point de vue. D’abord, en remontant en arrière pour interpréter la pensée de Deng Xiaoping résumée par la formule : « un pays, deux systèmes ». On peut penser, avec Martin Lee, qui est considéré à Hong Kong comme le « père de la démocratie » qu’il voulait appliquer ce système non seulement à Hong Kong mais à la Chine toute entière. La nouvelle puissance économique de la Chine peut l’enfermer dans un régime de plus en plus autoritaire en rupture avec ses principaux partenaires économiques, et en particulier avec les Etats-Unis, et la conduire jusqu’à un conflit majeur qui ne serait pas catastrophique seulement pour le monde mais pour la Chine elle-même. Détruire complétement l’autonomie politique limitée de Hong Kong aujourd’hui signifierait un refus total et définitif de toute évolution, même à très long terme, de la Chine. Les étudiants de Hong Kong manifestent et prennent des risques aujourd’hui pour tous les chinois de demain. Comment pourraient-ils ignorer leur propre faiblesse et en même temps l’importance visible partout en Chine de la poussée pour le développement du marché intérieur qui implique la possibilité d’une pression politique contre la ligne officielle qui a fait de la Chine « l’usine du monde » mais aussi un lieu de détention massive et de faible consommation mise au service de l’enrichissement du reste du monde ?
Les pays occidentaux n’ont rien à gagner à donner des leçons de morales politiques au gouvernement chinois ; mais ils doivent comprendre que les étudiants de Hong Kong luttent pour un début de démocratisation dans toute la Chine et que leur force vient de la conscience de plus en plus généralisée des besoins et des demandes des chinois eux-mêmes.




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