Rechercher dans ce blog

jeudi 1 octobre 2015

Le bluff de Poutine.


Le retour de Poutine aux Nations-Unies après dix ans d'absence a satisfait ceux qui ne voient dans le rappel des crimes de Bachar-El-Assad qu'une nouvelle volonté de l'impérialisme occidental et ceux qui en appellent à l'efficacité de la Realpolitik. Leur argument est simple: l'ennemi le plus dangereux est Daech ; il faut donc s'appuyer sur Bachar dont les forces sont très inférieures et qui ne mobilisent pas des foules de jeunes jihadistes. Cette stratégie semble rationnelle: unissons-nous contre notre ennemi commun le plus dangereux. 
Mais un instant de réflexion nous fait douter de ce raisonnement - et pas du tout pour des raisons morales. Depuis des années la Russie arme Bachar ; il y a même des troupes russes - peu nombreuses il est vrai - dans la région de Lattaquié fidèles à Bachar. Mais quelle part le grand allié russe a-t-il pris dans la lutte contre Daech ? Aucune. Peut-être parce que les généraux russes ont gardé le sinistre souvenir de leur défaite complète devant les talibans d'Afghanistan.
Rien, absolument rien, ne nous prouve que l'armée syrienne armée par les russes et appuyée directement par eux peut l'emporter sur Daech. Bachar ne contrôle qu'une faible partie de son territoire et c'est toujours vers Daech qu'affluent les jeunes jihadistes. Deux bons connaisseurs de la région, Gérard Chaliand et Marie Mendras ont apporté récemment une information importante. Poutine perd du terrain dans le Donbass, là où les sécessionnistes ukrainiens sont le plus forts. Ne cherche-t-il pas en Syrie une compensation a ce revers ? Ne dit-il pas a Obama: attaque Daech et pendant ce temps je remettrai en selle mon ami Bachar, défait et detesté. De toute évidence donc, il ne faut pas se laisser manipuler par Poutine. J'en reviens a ma positon déjà ancienne: c'est aux Etats nationaux sunnites, Turquie en tête, de combattre Daech au sol. Reste pour moi un point obscur: pourquoi l'Iran chiite qui vient de signer un accord important avec les Etats-Unis appuie-t-il si fortement Bashar et Poutine ? La réponse est peut-être au Yemen ou l'Iran se heurte à la coalition menée par l'Arabie Saoudite ; mais les deux régions sont nettement séparées...
Je dois d'urgence me renseigner.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire